vendredi 9 mars 2012

Fille orgiaque surgie et devinée, le premier jour sur la digue de Balbec
















Quelques posts récents de Jean Dezert ont remonté au niveau de ma conscience une belle joyeuseté.
Pour les amis de la cryptologie, le fameux manuscrit de Voynich (illustrations) reste une énigme à part entière. Certains y voient, entre autres, un faux, ou une supercherie ( cfr. la théorie visant spécifiquement John Kelley, et un langage qu'il aurait inventé, l'énochien), d'autres un traité de médecine, herboristerie et alchimie (le parchemin daterait du XVe siècle). Ce qui le rend si intéressant ne sont pas ses illustrations, mais bien son langage inventé de toutes pièces, qui résiste aux meilleurs cryptologues depuis presque un siècle. A tel point qu'il est entré dans la culture populaire, en influençant notamment Howard Lovecraft pour son Nécronomicon, ainsi qu'un certain Luigi Serafini.
Celui-ci publie dans les années 1970 le codex Seraphinianus dont le contenu peut-être déroutant : une sorte d'encyclopédie, rédigée dans une langue cryptée (jamais craquée jusqu'à aujourd'hui) et illustrée de monstres grotesques, de machines bizarres, de situations inquiétantes.
Serafini, artiste et architecte italien, a construit ce document à l'image du travail de Diderot et d'Alembert, mais en altérant le sens et la compréhension. Les onze chapitres traitent de sujets précis (mathématiques, biologie, sciences et techniques, etc), mais d'ailleurs (loin), ou d'ici et mal interprétés par des gens d'ailleurs ou encore d'ailleurs mais compris et représentés à travers un prisme s'adaptant mal à notre perception. Confus? Disons que c'est à la croisée des chemins entre la science-fiction et la poésie.

Les considérations sont manifestement politiques et écologistes, toujours solidement ancrées dans les mouvances new-age et hippie, en réussissant la pirouette de laisser interpréter le message, mais en ne déclarant rien que nous pourrions reprendre et déformer tant que le corpus de texte n'aura pas été percé au jour.
L'effet le plus saisissant, volontaire selon l'auteur, est le vertige ressenti face à ce travail, nous laissant comme des gosses observant une page de schéma technique ou feuilletant une encyclopédie qui fascine autant qu'elle effraie.
Amis du symbole, n'hésitez pas à me l'offrir pour mes 33 ans, de préférence dans l'édition soie noire passée à la dorure, dont certains exemplaires se négocient facilement autour des quelques milliers d'euros. Pour les autres, un scan pdf est disponible par intermittence sur archive.org, et dans de nombreux autres lieux enchantés.

PS : Le titre du billet, pour ceux qui en douteraient, c'est Proust, c'est en français dans le texte, et c'est aussi la seule phrase lisible de tout l'ouvrage.



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